Tout accident de la route, qu’il touche un piéton ou un autre conducteur de véhicule, donne droit à une indemnisation proportionnelle à la gravité du cas et aux dommages causés. Nos explications.
Piéton victime d'un accident de la route : droit à l’indemnisation
Tout piéton victime d’un accident de la route impliquant un véhicule à moteur bénéficie d’un droit à être indemnisé. Cependant, ce droit ne s’applique pas si :
- le piéton a provoqué volontairement l’accident comme, par exemple, en ayant un comportement suicidaire, en cas de suicide ou de tentative de suicide ;
- la victime a commis une faute comme traverser une autoroute de son plein gré ou tout autre cas qui serait la cause exclusive de cet accident.
Certaines catégories de victimes ne peuvent se voir opposer leur faute. Il s’agit des mineurs de moins de 16 ans et des personnes âgées de plus de 70 ans.
Enfin, si un piéton est percuté par un utilisateur d’engins à roulettes, il peut être indemnisé pour les éventuels dommages matériels et corporels causés, par l’assurance de responsabilité civile de l’utilisateur. Les utilisateurs d’engins à roulettes sont considérés comme circulant avec une trottinette, un skateboard, un vélo, des rollers.
Toutefois, il faut savoir qu'il est interdit de faire du roller, du skate ou de la trottinette sans moteur sur la chaussée : il faut circuler sur le trottoir. Cela est passible d'une contravention de 1re classe (4 et 7 € en cas de règlement après 45 jours). Seules les trottinettes à moteur peuvent circuler sur la chaussée si elles sont équipées d'un siège, sont homologuées et sont capables de dépasser 6 km/h.
À noter : le décret n° 2019-1082 du 23 octobre 2019 a précisé les règles de circulation des trottinettes électriques et autres engins de déplacement personnels motorisés, EDPM (gyropode, monoroue, etc.). Depuis le 1er novembre 2019, leur usage est encadré par le Code de la route. En agglomération, les EDPM doivent circuler sur les pistes cyclables et ne peuvent pas circuler sur les trottoirs (sauf autorisation des autorités locales). Leur stationnement sur les trottoirs est autorisé, sauf interdiction des autorités locales et à condition de ne pas gêner les piétons. Ils doivent être équipés d'un système de freinage, d'un avertisseur sonore, de feux avant et arrière et d'un dispositif réfléchissant à l'avant. L'arrêté du 22 juillet 2020 définit les caractéristiques de l'avertisseur sonore obligatoire dont le son doit être entendu à 50 mètres au moins.
Bon à savoir : le retrait de points, en cas de refus de priorité à un piéton, a été renforcé par le décret n° 2018-795 du 17 septembre 2018 (retrait de 6 points au lieu de 4 auparavant). De plus, le conducteur est passible d'une amende de 135 € et d'une peine complémentaire de suspension de permis de conduire pour une durée maximale de 3 ans (article R. 415-11 du Code de la route). La sanction prévue pour un automobiliste qui ne respecte pas une zone tampon en amont d'un passage piéton alors qu'un piéton souhaiterait traverser est une amende de 35 € sans retrait de point (arrêté du 12 décembre 2018).
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Démarches à engager pour le piéton
En cas d’accident de la circulation :
- Il faut recueillir le nom et l’adresse du conducteur impliqué, le nom de sa société d’assurance, le numéro de son contrat.
- Ces informations doivent être conservées par la ou les victimes de l’accident, les personnes accompagnantes si les victimes ne sont pas en état de le faire.
L’assureur du responsable de l’accident doit alors être informé dans les 5 jours ouvrés et faire parvenir un courrier à la victime l’informant de ses droits tels que :
- l’obtention gratuite du procès-verbal de la gendarmerie ou de la police ;
- l’assistance de l’avocat ou du médecin de son choix si un examen médical est nécessaire (art. L. 211-10 du Code des assurances).
Un questionnaire est joint à ce courrier afin de déterminer les dommages corporels subis, l’activité professionnelle de la victime, les organismes sociaux, mutuelle ou employeurs à qui seront versées les prestations.
Bon à savoir : en cas de dommages corporels graves, un ou plusieurs examens médicaux peuvent être effectués en présence d’experts.
Indemnisation du piéton victime d'un accident de la route
Une offre d’indemnisation doit être présentée par l’assureur (art. L. 211-9 du Code des assurances) :
- elle peut intervenir dans les 8 mois qui suivent l’accident, ou dans un délai de 3 mois à compter de la demande d’indemnisation de la victime ;
- cette indemnisation doit couvrir tous les éléments du préjudice mais elle se trouve réduite en fonction de la part de responsabilité de la victime et de la déduction des sommes payées ou à payer si la mutuelle, l’employeur, l’assureur participent à l’indemnisation de la victime.
Bon à savoir : l’indemnisation est faite à la victime, si elle est mineure à son représentant légal, si elle est décédée aux héritiers et au conjoint.
Accord de la victime
Si la victime est en accord avec l’indemnisation prévue, elle la recevra au plus tard 45 jours après son acceptation de l’offre.
Désaccord de la victime
En cas de désaccord avec l’indemnisation proposée, la victime peut :
- demander à l’assureur de lui faire une offre plus adaptée ; ou
- saisir le tribunal. Elle ne sera alors intégralement indemnisée qu’à l’issue du procès.
Cas particuliers
- Si la victime qui a accepté une transaction amiable et signé la quittance d'acceptation validant le protocole a le sentiment a posteriori de s'être fait flouer et regrette d'avoir accepté l'offre, elle dispose d'une faculté de dénonciation pendant 15 jours à dater de la date de la signature. Cette faculté de dénonciation, prévue par la loi Badinter du 5 juillet 1985, doit s'exercer par l'envoi à l'assureur d'un courrier recommandé avec accusé réception. Passé ce délai de 15 jours, la transaction est considérée comme définitive et la victime ne dispose plus d'aucun recours.
- Si l'état de santé d'une victime indemnisée se détériore et s'aggrave pour des raisons en rapport direct avec l'accident, la loi a prévu une voie de recours permettant à la victime de faire rouvrir le dossier. C'est la procédure du « recours en aggravation », basée sur l'idée de réparation intégrale du dommage qu'a subi la victime des suites de l'accident. Toute victime d'un accident de la circulation a donc intérêt à conserver, sa vie durant, l'intégralité de son dossier (car l'assureur lui, n'est tenu à le faire que pendant une durée limitée).
Bon à savoir : les demandes de réparation des dommages corporels sont traitées par le tribunal de grande instance (article L. 211-4-1 du Code de l'organisation judiciaire).
À noter : si le responsable de l’accident prend la fuite ou n’a pas d’assurance, les victimes peuvent obtenir une indemnisation pour les dommages subis en saisissant le Fonds de garantie (art. L. 421-1 du Code des assurances).
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